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Vous vous souvenez du confinement de ce printemps ? Ça nous semble tellement loin, n’est-ce pas ? À l’époque, chacun l’a vécu de façon plus ou moins « agréable », selon qu’il était seul ou en famille, dans un appartement ou une maison, avec ou sans balcon, terrasse ou jardin, en ville ou à la campagne, avec ou sans Internet. Bref, de petits détails quotidiens ont finalement pris une importance capitale (je ne parle pas du papier toilette) pour faire face à cette mesure de sûreté publique.

Notre famille l’a plutôt bien vécu : la benjamine (10 ans) a passé son temps dans le jardin, le long de la clôture, à refaire le monde avec sa voisine et camarade de classe. Elles se sont adonnées aux joies de la poterie artisanale, avec quelques séances de trampoline à distance, en guise de « pause ».

« L’école à la maison », en revanche, fut moins distrayante, pour elle, comme pour nous, parents. Mon épouse, plus patiente, a tenu bon, tant bien que mal, et pour cela, je lui tire mon chapeau. Comme pour beaucoup de parents, il est plus facile d’élever et d’éduquer un enfant que de lui enseigner les maths ou le français, si si. Heureusement, sa grande sœur (13 ans) fut plus autonome, maîtrisant parfaitement les interactions digitales établies entre son collège et les familles. Permettez-moi donc de rendre hommage à l’ensemble du personnel éducatif pour tout le travail qu’il accomplit, pour cet engagement inébranlable, ce sacerdoce.

Ma mère, en visite chez nous depuis début mars (elle vit habituellement en région parisienne) a apprécié ce séjour au grand air, loin de la pression urbaine courbevoisienne, compte tenu de sa santé fragile (diabète). Quant à ma femme et moi, pas de bouleversement : elle a travaillé normalement, comme d’autres professions « essentielles », tandis que je peaufinais la communication numérique et marketing d’Ortho Facile, depuis la maison (merci la webcam !).

Au sortir de cette période plus ou moins éprouvante, nous redoutions un relâchement libérateur, peut-être pour certains, mais sans doute irresponsable, pour d’autres. Ce comportement schizophrénique, hélas bien franco-français, nous conduisait tout droit vers un reconfinement. Les nombreuses mises en garde de soignants, experts et responsables politiques (certains ont été plus responsables que d’autres), n’ont pas suffi, face au besoin irrépressible de liberté et de divertissement d’une partie de la jeunesse, à l’envie de recréer un lien social autour d’un bon repas en famille ou entre amis. Bref, revivre !

Sauf que, certains ont estimé qu’ils pouvaient se lâcher, faire abstraction des gestes barrières et replonger dans le monde d’avant.

Les mouvements de frondeurs, pour ne pas dire complotistes, qui ont fleuri dans les médias et sur les réseaux sociaux, n’ont pas incité à la responsabilisation de la population. Et ce qui devait arriver arriva. Cette deuxième vague est en train de submerger le pays, l’Europe, une partie du monde, avec son décompte macabre que beaucoup souhaitent minimiser, en la comparant aux autres fléaux qui frappent la planète à longueur d’année (cancer, accidents de la route, famines, paludisme, grippe saisonnière, etc.). D’autres pointent les errements « coupables » des autorités, incapables, selon eux, de prendre les bonnes décisions et de trouver la solution miracle.

Si ces points de vue sont compréhensibles, jusqu’à une certaine limite, ils ne peuvent justifier cette défiance qui conduit à mettre en danger la vie des autres, en bravant couvre-feu, puis confinement ou en refusant de porter le masque. De notre côté, nous nous sommes efforcés de maintenir la vigilance. Ma mère est retournée à Courbevoie fin mai car la situation sanitaire s’était améliorée.

Durant nos vacances estivales puis automnales en région lyonnaise, nous avons restreint nos déplacements (heureusement que le géocaching se pratique principalement en extérieur) et rencontré un minimum d’amis. Seule « entorse » à cette rigueur : une journée dans un parc d’attraction en Isère. Le masque était obligatoire à partir de 11 ans. Qu’importe, nous avons expliqué à notre plus jeune fille l’intérêt de réduire les risques. Elle l’a donc porté aussi, et en permanence. Et vous savez quoi ? Aucun de nous ne s’en est plaint. Je dis ça, je dis rien… Même si le parc n’était pas bondé, des vigiles plutôt zélés n’ont pas manqué de rappeler à l’ordre les petits malins contrevenant aux règles sanitaires. Preuve en est que, des manifestations peuvent avoir lieu en extérieur, avec un public limité certes, mais au prix d’une organisation rigoureuse et stricte. En l’occurrence, celui qui refusait de porter le masque prenait le risque de se voir refuser l’accès à l’attraction, voire se faire exclure du parc.

Au risque de heurter certains défenseurs de la culture qui, à juste titre, réclament des adaptations aux restrictions en vigueur, j’imagine mal un surveillant posté dans chaque salle de cinéma ou de théâtre qui serait chargé de faire la police à chaque incident. « Arrêtons d’infantiliser les Français ! Ils sont parfaitement responsables. », vous diront-ils. Permettez-moi d’en douter.

Quoi qu’il en soit, le soir de l’annonce du reconfinement, nous avions jugé utile de faire revenir ma mère « au vert », même si la situation dans le Var était devenue bien plus inquiétante qu’au mois de mars. La suite, je vous la raconte étape par étape.

Ma mère est arrivée le vendredi 30 octobre en TGV. Environ 45 minutes de trajet entre la gare et la maison. Nous avons commis l’erreur de retirer nos masques dans la voiture, chacun pensant, sans doute à tort, que l’autre était sain. Le mardi suivant, le 3 novembre, un vent de panique a soufflé dans la maison lorsque mon épouse a commencé à ressentir des nausées et une grosse fatigue accompagnée de fièvre. Rendez-vous pris pour un test le lendemain.

Dès lors, elle s’est isolée du reste de la famille et, par sécurité, nous avons décidé de nous faire tester aussi, mais il nous a fallu patienter 48 heures pour cela. Bizarrement son état s’est sensiblement amélioré dès le mercredi, tandis que l’état de forme de ma mère s’est peu à peu dégradé. La petite toux qu’elle a ramenée de son voyage s’est amplifiée, accompagnée d’une fatigue qui l’a clouée au lit du matin au soir. De mon côté, j’ai commencé à ressentir des courbatures à partir du jeudi soir. Rien de plus.

Le vendredi 6 novembre, nous effectuons un test groupé pour mes filles, ma mère et moi. On vous le confirme, la technique du prélèvement « nasopharyngé » est très désagréable. Le verdict pour ma femme tombe en début de soirée : négatif ! Au-delà du soulagement qu’a procuré cette bonne nouvelle, ce fut surtout la surprise qui dominait, tant nous nous étions préparés à un résultat contraire. L’espoir d’un scénario, à l’épilogue identique pour nous autres, fut vite éteint lorsque ma mère a ressenti les premières nausées, puis vomi le samedi soir… Nos craintes ont été confirmées le dimanche 8 novembre, pour ma mère et moi, puis le lundi 10, pour les filles. Positifs tous les quatre.

L’Agence régionale de santé nous a rapidement contactés pour mener son enquête de traçage et nous prodiguer les conseils de vigilance. Il n’a pas été possible de déterminer avec certitude l’origine de la contamination. Et pour bien réaliser à quel point ce virus est fourbe, vicieux et perturbant, il suffit d’observer la diversité de ses symptômes et la manière dont il affecte ses hôtes.

Ma plus jeune fille n’a développé aucun trouble, pas même un éternuement. Sa grande sœur, qui a l’habitude de nous faire 2 à 3 bronchites asthmatiformes chaque année, n’a finalement eu qu’une grosse fatigue le lundi, suivie de la perte de l’odorat pendant toute la semaine. Ma mère a cumulé fatigue, toux et nausées. Heureusement, sa saturation (taux d’oxygène contenu dans les globules rouges après leur passage dans les poumons) et sa tension artérielle étaient normales. Quant à moi, j’ai souffert de courbatures aux jambes et au dos et perdu le goût et l’odorat. Au final, personne n’a eu de fièvre, ni de mal de gorge, ni de mal de tête, ni de nez qui coule.

Et comble de l’ironie, mon épouse qui est passée du stade de « positive présumée » à « cas contact » avéré, a été secondée par la benjamine pour jouer les infirmières auprès de ma mère, mon autre fille et moi. Un grand merci à toutes les deux pour leur implication et leur patience.

Nous pouvons donc nous estimer heureux, car personne n’a développé de forme grave ni gardé de séquelles physiques ou psychiques sévères. Le traitement aux antibiotiques visant à prévenir une inflammation des poumons, a été efficace et, après 10 jours d’isolement strict, nous pouvons désormais reprendre une vie de famille à peu près normale. « À peu près », car mon épouse, qui a dû refaire un test une semaine après nous, lequel s’est révélé à nouveau négatif, doit encore patienter et effectuer un troisième et dernier test pour lever tout doute et reprendre le travail. Quand je vous dis que ce virus est vraiment spécial.

Sans vouloir jouer les moralisateurs, dites-vous que cela n’arrive pas qu’aux autres. Nous avons vécu les premiers jours de la maladie dans l’angoisse de voir l’état de santé de ma mère empirer et de devoir l’hospitaliser. Aujourd’hui, elle sort quotidiennement pour marcher autour de la maison, se dégourdir les jambes et prendre l’air. Hélas, de nombreuses familles n’ont pas eu cette chance. Restons sur nos gardes, protégez-vous, protégez les autres.

Au fait, le troisième test de mon épouse est aussi négatif.

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