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Valentina Terechkova

L’aventure spatiale, un rêve devenu réalité depuis des décennies, et qui continue de fasciner et de mobiliser la communauté scientifique mondiale. À tel point que des entreprises privées se sont lancées dans la course aux étoiles, à l’instar de SpaceX, propriété du milliardaire américain Elon Musk (inventeur des voitures Tesla).

Tandis que le robot Persévérance est en train d’explorer la planète rouge, à la recherche de signes de vie passée, notre spationaute national, Thomas Pesquet, retourne, dans la station spatiale internationale (ISS), pour un séjour de six mois. À bord du vaisseau Crew Dragon (littéralement « dragon pour équipage »), il sera accompagné d’un astronaute japonais et de deux astronautes américains dont Megan McArthur. Comme T. Pesquet, elle effectue sa seconde mission vers l’ISS.

McArthur complète la longue liste de femmes ayant voyagé dans l’espace et dont la pionnière fut la cosmonaute russe Valentina Terechkova en 1963.

Valentina Terechkova est issue d’une famille de fermiers. Elle n’a que deux ans lorsque son père est tué durant la Guerre d’Hiver, entre la Russie et la Finlande (1939). À la fin de sa scolarité, elle sort diplômée de l’École technique de l’industrie légère. C’est en secret qu’elle va s’initier au parachutisme, à 22 ans. Elle va vite exceller dans cette discipline, encore peu pratiquée, à l’époque, par des femmes, et totalisera plus de quatre-vingt-dix sauts. Elle finira même par devenir instructrice ! Malgré sa fougue, elle tient quand même à affirmer son profond patriotisme en adhérant aux jeunesses communistes (Komsomol) en 1960, puis au Parti communiste (PC) deux ans plus tard.

Le déclic eut lieu il y a tout juste soixante ans, le 12 avril 1961, lorsque le cosmonaute russe Youri Gagarine réalisa l’exploit que l’on sait, au cours de la mission Vostok 1… Elle aussi voulait aller tutoyer les étoiles. Un rêve fou et inaccessible pour n’importe quelle femme, puisqu’à l’époque, le programme spatial russe ne comptait que des hommes. Fraichement auréolée par le succès de la mission Vostok 1, l’Union soviétique veut encore marquer un grand coup dans la concurrence féroce qui l’oppose aux États-Unis. Nous sommes en pleine guerre froide.  C’est le lieutenant général Nikolaï Kamanine qui a l’idée de d’une mission emportant une femme cosmonaute. Le Comité central du PC soviétique accepte, à condition que les candidates soient membres du parti ou des jeunesses communistes, en plus d’être des parachutistes chevronnées. Une aubaine !

Le destin de Valentina Terechkova bascule en avril 1962, lorsqu’elle fut retenue, avec quatre autres candidates, pour intégrer le programme d’entrainement, en vue de la future mission spatiale habitée Vostok 6. Elles s’appellent Valentina Ponomariova (29 ans, mathématicienne et pilote), Tatiana Kouznetsova (20 ans, mathématicienne), Zhanna Yorkina (23 ans, professeure d’anglais) et Irina Soloviova (25 ans, détentrice de plusieurs records en parachutisme).  Mais rien n’est encore gagné car une seule aura la chance de partir là-haut, les autres seront remplaçantes, en cas de problème…

Les cinq recrues sont envoyées dans la banlieue de Moscou pour entamer une période d’entrainement de plusieurs mois, dans un cadre militaire stricte. Elles n’échappent pas aux railleries machistes de certains de leurs collègues masculins, qui doutent de leurs capacités.

Elles vont, en tout cas, subir les mêmes tests que les hommes, dans des conditions extrêmes, y compris la fameuse centrifugeuse, afin de les préparer à l’environnement hostile de l’espace. Elles enchainent les heures de vol à bord d’avions de chasse Mig-15 et doivent porter des combinaisons spatiales de plus de 130 kg, lors des sauts en parachute au-dessus de la mer Noire, simulant la dernière étape de la mission. À l’époque, les cosmonautes s’éjectaient de leur capsule à haute altitude, après leur entrée dans l’atmosphère. La préparation mentale est également très éprouvante, avec des phases d’isolement total de plusieurs jours. L’entrainement s’achève par des cours théoriques sur la navigation astronomique, les caractéristiques des engins et les techniques spatiales.

Nos cinq apprenties cosmonautes vont recevoir la visite régulière de Gagarine, qui supervise une partie des exercices. Ce dernier est très impressionné par les performances physiques et intellectuelles de Valentina Terechkova. Il apprécie « sa force de caractère » et « sa grande modestie ».

Une nouvelle sélection doit être faite parmi les cinq jeunes femmes : les trois retenues sont V. Ponomariova et I. Soloviova et…Valentina Terechkova. Pour la dernière phase d’entrainement, et avant l’examen final, elles rejoignent Boris Volynov et Valeri Bykovski. C’est ce dernier qui assurera la mission Vostok 5, le 14 juin 1963. Reste à choisir celle devra lui emboiter le pas de tir, deux jours plus tard. La décision finale reviendra à Nikita Khrouchtchev (président de l’Union Soviétique), qui, sur les recommandations de Kamanine, va désigner Terechkova comme cosmonaute principale, avec Soloviva puis Ponomariova comme remplaçantes.

L’heureuse élue décolle donc le 16 juin à 12h29 heure locale du cosmodrome de Baikonour (Kazakhstan). La propagande russe ne tarit pas d’éloges pour ses deux héros nationaux dont les vaisseaux effectuent un ballet millimétré dans l’espace. Quelques séquences de leur vie à bord sont même filmées et diffusées dans le monde entier et Terechkova va même échanger quelques mots avec N. Khrouchtchev, pas peu fier d’avoir devancé les Américains dans ce domaine. Elle n’échappera pas aux symptômes du mal de l’espace durant son vol, mais pas au point d’affecter la mission.

Après plus de 70 heures et 48 orbites autour de la Terre, elle déclenche la maneouvre de retour dans l’atmosphère. Elle atterrit sans encombre dans un champ de blé dans le sud de l’Oural, où elle est recueillie par des ouvriers agricoles. Elle est en bonne santé. Valeri Bykovski atterrira trois heures plus tard, dans des conditions un peu plus compliquées.

Ce jour-là, Valentina Terechkova est devenue la première femme à voler dans l’espace et reste, à ce jour, la seule l’ayant fait en solitaire. Il faudra attendre 19 ans pour qu’une autre l’imite. Ce sera sa compatriote Svetlana Savitskaïa qui s’envolera le 19 août 1982 (Soyouz T-7). Suivra, un an plus tard, l’Américaine Sally Ride, lors de la mission STS-7. La première et unique Française est Claudie Haigneré, en 1996 (Soyouz TM-24).

La nouvelle icône du peuple soviétique endossera ensuite un nouveau costume : celui d’ambassadrice « pour la paix et l’égalité entre les hommes et les femmes », enchaînant les tournées à l’international, dont une en France, en mai 1965.

La carrière de cosmonaute de V. Terechkova prend fin en 1968, après la mort Youri Gagarine, lors d’un vol d’entrainement. Les autorités soviétiques ne veulent plus prendre le risque de perdre un autre de leurs symboles de leur épopée spatiale triomphante.

C’est désormais en politique qu’elle va s’engager en devenant membre de l’assemblée du Soviet suprême, puis du Comité central du PC et enfin du Praesidium du soviet suprême. Depuis 2008, elle est élue députée à la Douma (assemblée nationale de Russie) pour le parti Russie Unie de V. Poutine.

Pour la petite histoire, un cratère de la Lune, et un astéroïde portent son nom. Elle a reçu de nombreuses distinctions nationales et internationales. À ce jour, 66 femmes sont allées dans l’espace et ce n’est pas fini. Nul doute que certaines d’entre elles ont rêvé de leur destin en suivant les exploits d’une certaine Valentina Terechkova.


LE SAVIEZ-VOUS ?

Les voyageurs de l’espace portent un nom différent, selon leur pays d’origine. Même si leur étymologie fait toujours référence à l’environnement spatial, les termes choisis semblent être un révélateur de la vision que chaque nation a de cette formidable aventure qu’est la conquête spatiale.

  • Le cosmonaute russe est issu du grec kósmos qui signifie « univers» et naútēs qui signifie « navigateur ».
  • L’astronaute américain est issu du grec ástron qui signifie « étoile» et naútēs qui signifie « navigateur ».
  • Le spationaute français est issu du latin spatium qui signifie « espace» et naútēs qui signifie « navigateur ».
  • Le taïkonaute chinois est la francisation du chinois tàikōngrén qui signifie littéralement « personne / navigateur de l’espace».
  • Le vyomanaute indien est tiré du sanskrit vyoma qui veut dire « ciel» et du grec naútēs qui signifie « navigateur ».

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